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Nathalie Ribout
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DELIRE A DEUX

de Eugène IONESCO

Avec Danièle LEBRUN et Bernard MALAKA

Festival d'AVIGNON - Théâtre du Chien Qui Fume

du 8 au 31 juillet à 19h15


Un peignoir pendu à une porte, un lit défait et aussi une cage à oiseaux avec des mariés miniatures comme on en trouve au sommet des pièces montées. Un symbole ? À n'en pas douter pour une pièce sur les affres du couple. C'est Délire à deux, une œuvre d'Eugène Ionesco, revue mais pas corrigée par le metteur en scène Christophe Lidon, au Théâtre du Chien-qui-Fume, à Avignon.

Surgissent les deux protagonistes, une femme (Danièle Lebrun qui succède notamment à Tsilla Chelton et à Suzanne Flon), un homme (Bernard Malaka), tous deux en pyjama d'un blanc immaculé à l'opposé de leur ciel conjugal. C'est clair, il y a de l'orage dans l'air. «On voudrait vivre sa vie, on la perd», dit-elle. «Nous irons dans une prison qui est une sorte de boîte», semble-t-il renchérir. Ils se chamaillent à propos des différences entre une tortue et un limaçon.

Leur guerre ne date pas d'hier. Des explosions à l'extérieur, des coups de feu les effraient, mais ne les rapprocheront pas. « On s'entendra jamais ! », se jettent-ils à la figure. Ils en sont convaincus depuis le commencement de leur histoire mais ils ne feront aucun effort pour que la situation s'améliore. Tant mieux pour le spectateur qui s'amuse beaucoup : ce drôle de «jeu» lui est peut-être familier.

On retrouve l'univers absurde cher à Ionesco, son rire grinçant proche du désespoir car, au fond, il traite de solitude. Avec ce duo de comédiens étincelants, le spectacle est idéal pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de l'académicien français d'origine roumaine.


Nathalie Simon - Le Figaro 16 juillet 2009

Ce spectacle est un vrai régal. D’abord, évidemment, grâce au savoureux texte d’Ionesco, qui, sous des airs de comique absurde, propose, comme à son habitude, une réflexion philosophique à la fois douce et amère. On nous rappelle ainsi que si « on est mal, le mal c’est mieux que le pire », et que « les évènements vont vite quand il n’y en a plus, ça sert à passer la vie ». Mais, outre les mots d’Ionesco, qui sautillent et fusent dans cette mise en scène aussi juste que dynamique, l’interprétation des deux maestros sur le plateau devant nous est exceptionnelle et participe pour beaucoup à faire de ce spectacle une très belle réussite. Jouant avec délice sur la mauvaise foi de leur personnage respectif, Danièle Lebrun et Bernard Malaka jubilent. Ils s’échangent leurs répliques avec brio, non sans un discret sourire en coin parfois. Ils irradient le plateau, tous deux aussi rayonnants que talentueux et drôles.

Quant à la mise en scène et la scénographie, elles sont aussi ingénieuses que subtiles. L’espace scénique est démultiplié, un écran blanc tendu derrière le lit réfléchit des images à la portée suggestive intéressante et accessible. Une petite cage à oiseaux, renfermant un couple de spécimens très particuliers dont je tairai l’espèce, tient lieu à la fois de fenêtre et de miroir. Bref, la conception de l’espace sert très bien le texte. Ce spectacle est le fruit d’un travail de professionnels, qui laisse s’exprimer le talent de deux grands comédiens tout en rendant au texte original sa délicieuse ambivalence. C’est tellement bon qu’on en veut encore et qu’on trouve que ça ne dure pas assez longtemps. 

 

Maud Sérusclat  Les Trois Coups

"Cette mise en scène est vraiment réussie, poétique, ironique, tendre, surprenante." 

 Laurence Liban L'Express