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TERMINUS - d’Antoine RAULT

Avec Maxime d’Aboville, Valérie Alane, Chloé Berthier, Lorant Deutsch et Bernard Malaka


CADO d’Orléans du 28 septembre au 12 octobre 2018

Tournée : octobre / novembre / décembre

https://vimeo.com/295772693

  

Bande annonce de Terminus

https://webtheatre.fr/Terminus-d-Antoine-Rault

http://destimed.fr/Theatre-Terminus-d-Antoine-Rault-La-nuit-interieure-de-Georges-Feydeau-devenant

https://www.lexpress.fr/culture/scene/spectacles-marguerite-duras-fary-et-georges-feydeau_2044545.html

Les recommandations scènes de L'Express.

Par Hermance Murgue et Christophe Barbier

publié le 30/10/2018

En 1920, dans le sanatorium de Rueil-Malmaison, Georges Feydeau délire. Des lambeaux de son oeuvre surgissent dans sa chambre, en un tourbillon de saynètes. L'auteur fou retrouve aussi sa famille. Des parents qui se déchirent sous ses yeux, un père biologique qui n'est autre que Napoléon III, une femme, fille de peintre célèbre, avec laquelle il partage l'enfer conjugal.


En mélangeant ces univers dans un carnaval cauchemardesque, Antoine Rault dégage avec intelligence les arêtes de l'oeuvre de Feydeau, que la mise en scène de Christophe Lidon aiguise encore. Le décor, chambre de fou aux allures d'hôtel borgne, résume le vaudeville : qu'est-ce qu'une pièce de Feydeau, sinon des portes qui claquent et un lit qui tourne ?


L'infirmière innocente (irrésistible Chloé Berthier) devient Môme Crevette, soubrette coquine ou bonne... à rien. La femme médecin, qui lutte contre la brutalité de la psychiatrie, est aussi la mère de Feydeau, Léocadie, si libertine, et sa femme, Marianne, si rigoureuse, auxquelles Valérie Alane offre sa solidité et son humanité. À Lorànt Deutsch, aliéniste cruel ou Anglais exotique, Rault fait transmettre l'héritage linguistique de Feydeau. Maxime d'Aboville, en Général d'opérette, devient le fou du fou Feydeau, fou au carré, et déploie l'éventail de ses talents. Enfin, Bernard Malaka s'installe à mi-chemin entre le flamboyant et le croulant, entre le rire et le désespoir. La fête est finie et Feydeau ne sait pas pourquoi.


Terminus, avec ce quintet majeur, explique aussi les raisons d'un déclin. Feydeau est l'auteur de la Belle Époque, il s'éteint avec son désenchantement. C.B.

http://blogs.lexpress.fr/lecharpe-rouge/2018/11/07/a-la-folie-feydeau/

Un lit qui tourne, des portes qui claquent: Feydeau! D’aboville et Deutsch en pleine forme. Photo ©E.Sokol

Le spectacle le plus virevoltant de la rentrée parisienne a été créé… à Orléans ! Avec Terminus, Antoine Rault a composé un objet théâtral non identifié, un entrelacs de scènes et de situations, une tragédie cachée dans un vaudeville, une biographie de Feydeau et un concentré de son théâtre.

Plusieurs auteurs se sont intéressés à l’internement de Georges Feydeau, voisin de camisole du président de la République tombé d’un train, Paul Deschanel. Eric-Emmanuel Schmitt, avec George et George, n’a pas su relever ce défi – trop de confusion, pas assez d’approfondissement. Rault gagne le sien. Terminus, comme le nom de l’hôtel où le génial auteur de la Belle Époque se réfugia après le naufrage de son mariage. Terminus, comme la fin de vie atroce qui étrangle Georges Feydeau – une folie d’origine syphilitique. Terminus, comme celui de plusieurs trains : l’express des vaudevilles endiablés des années 1890-1910, les wagons-lits de la France endormie sur sa prospérité, le convoi de la civilisation européenne, qui déraille en 1914…

En 1920, dans le sanatorium de Rueil Malmaison où son cerveau devient une éponge, Georges Feydeau délire. Des lambeaux de son œuvre surgissent dans sa chambre, en un tourbillon de saynètes – le spectateur peut s’amuser au jeu des mille indices, et retrouver Monsieur Chasse, Fiancés en herbe, Le Dindon, Un fil à la patte, La Dame de chez Maxim, On purge Bébé et quelques autres. L’auteur déclinant, en son asile, retrouve aussi sa famille. Des parents qui se déchirent sous ses yeux, sinistres muses pour de futures scènes de ménage sur les planches. Un père biologique qui n’est autre que Louis-Napoléon Bonaparte – ou bien son demi-frère, le Duc Charles de Morny. Une femme, fille de peintre célèbre, qu’il aime surtout vue de dot et qui souffle sur les braises de l’enfer conjugal.

En mélangeant tous ces univers dans une sorte de carnaval cauchemardesque, absurde et hilarant, Antoine Rault dégage avec intelligence les arêtes vives de l’œuvre de Feydeau, que la mise en scène de Christophe Lidon aiguise encore. Le décor, chambre de fou aux allures d’hôtel borgne, résume le vaudeville : qu’est-ce qu’une pièce de Feydeau, sinon des portes qui claquent et un lit qui tourne ? Ici, ces subterfuges permettent aux personnages de surgir et de s’escamoter, aux extraits de pièces de se passer le témoin et à l’histoire d’aller du vrai au faux comme on va de cour en jardin.

Qui est fou? Le malade ou les psychiatres? Photo ©E.Sokol

De son ultime entourage, Feydeau fait les personnages de sa dernière pièce, à la fois maelström confus et feu d’artifice drolatique. L’infirmière innocente et charmante (irrésistible Chloé Berthier) devient Môme Crevette, soubrette coquine ou bonne… à rien. La femme médecin, qui lutte contre la brutalité de la psychiatrie balbutiante, est aussi la mère de Feydeau, Léocadie, si libertine, et sa femme, Marianne, si rigoureuse. Puis elle devient toutes les femmes mariées de Feydeau, ces bourgeoises qui refusent désormais d’être trompées impunément, mais ne veulent pas sacrifier leur vertu à leur vengeance, et déploient des trésors d’ingéniosité pour amener les maris volages à résipiscence sans donner satisfaction aux amants entreprenants. Valérie Alane offre sa solidité et son humanité à cette figure entêtante du théâtre de Feydeau, idéal de la mère et de l’épouse, qu’il ne connut pas et pourtant admira toujours. Feydeau, auteur féministe avant l’heure, avec ses héroïnes droites, intègres et généreuses.

Lorànt Deutsch, aliéniste brutal, devient dans les rêves de son patient un étrange personnage, un Anglais inédit, Wellington. Rault lui fait transmettre l’héritage linguistique de Feydeau, ces jeux de mots si drôles qui aiment perturber les sens: bec de bois et bec du loup, contre gueule de gaz…

Maxime d’Aboville, en Général rastaquouère d’opérette, qui ne sait même plus comment il s’appelle tellement son nom est tordu, prend aussi en charge une part de cette folie. Compagnon d’asile de Feydeau, il est sa marionnette préférée, son souffre-douleur et son porte-flingue, belle-mère en fourrure ou bébé en couche-culotte. Fou du fou, fou au carré, il déploie l’éventail de sa voix et de ses mimiques pour relever le défi.

Ce frégolisme n’est pas gratuit, il n’est pas qu’une virtuosité époustouflante ; il renvoie à un secret de fabrique de Feydeau, cette accélération permanente qui fait avancer l’action plus vite que la pensée des spectateurs, lesquels rient de ce qui arrive alors même qu’il pensent que cela va arriver!

Enfin, Bernard Malaka installe Feydeau dans un entre-deux, à mi-chemin entre le flamboyant et le croulant, entre le génial et le dément, entre le rire et le désespoir. La fête est finie et il ne sait pas pourquoi. Il a tout flambé de ses triomphes et il ne sait pas pourquoi.

La fin d’une (Belle) époque… Photo ©E.Sokol

La pièce d’Antoine Rault, servi par ce quintet majeur, met aussi au jour les limites du théâtre de Georges Feydeau, elle nous explique les raisons d’un déclin. Feydeau est par essence l’auteur de la Belle Époque, celle des frous-frous et du champagne, celle de la fête républicaine, avec ses boulevards et ses cabarets. Plus populaire que les réjouissances impériales, moins intellectuelle et artistique que les nuits des années folles, cette fête attire l’Europe. Feydeau, c’est le rire à l’échelle des expositions universelles. Quand la joie retombe, quand les angoisses reviennent, l’auteur perd son public. Quand les bourgeois rentiers s’inquiètent pour leurs coupons, ils sortent moins et ne rient plus, surtout pas d’eux-mêmes. Feydeau égare aussi son inspiration: le couple et le mariage ne sont plus pour lui des sujets de rigolade, mais de souffrance ; la caleçonnade cède la place à la procédure…

Georges Feydeau peine à comprendre ce qu’il arrive à l’auteur alors qu’il saisit très bien ce qu’il arrive à l’homme. Il participe de sa propre obsolescence en ne saisissant pas les enjeux de la modernité. Ni le progrès technique ni les enjeux sociaux n’envahissent son théâtre, qui demeure le reflet de vices anciens – la vanité, la lâcheté, la cupidité, la duplicité… Après Mirbeau, Bernstein, Bourdet et quelques autres surgissent pour dépeindre crûment les mœurs. Sur le couple, Sacha Guitry installe la nouvelle comédie. Et que dire de Vitrac, qui provoque des déflagrations où le vaudeville se contente d’égratignures?…

En réalité, Georges Feydeau ne parvient pas à s’arracher au XIXe siècle pour entrer pleinement dans le suivant. Alors, tout comme elle va ruiner les fondements de la civilisation européenne, la Première Guerre mondiale engloutit Feydeau et son théâtre.

Terminus est en tournée:

•Les Herbiers (85), Vendredi 16/11
•Rueil Malmaison (92), Jeudi 22/11
•Florange (57), Mardi 27/11
•Chartres (28), Mardi 4/12
•Plan les Ouates (CH), Vendredi 7/12
•Pully (CH), Dimanche 9/12
•Rambouillet (78), Mardi 11/12
•Neuilly (92), Samedi 15/12
•Monaco, Vendredi 20/12

  

La République du Centre