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LA COLERE DU TIGRE

de Philippe Madral

Avec Claude Brasseur, Michel Aumont, Sophie Broustal et Marie-Christine Danède

Théâtre Montparnasse  

Le Figaro - 12 septembre 2014


Rentrée théâtrale : Les pièces à ne pas manquer

Dans un décor en transparences qui évoque les Nymphéas avec de subtils effets vidéo, la pièce de Philippe Madral se consacre à l'amitié de deux grands hommes au soir de leurs vies, Georges Clemenceau (Claude Brasseur) et Claude Monet (Michel Aumont). C'est tendre et doux. La servante savoureuse, Marie-Christine Danède, et l'intellectuelle amoureuse, Sophie Broustal, ajoutent au charme de la soirée. Brasseur avec sa précision, la véhémence du Tigre, la vulnérabilité d'un coeur transi est remarquable comme l'est, dans le trouble et le doute, Michel Aumont. Une très bonne mise en scène de Christophe Lidon.

Armelle Héliot

Brasseur et Aumont au sommet de leur art dans "La colère du Tigre"

Publié le 15/09/2014


La Colère du Tigre réunit deux monstres de la scène pour évoquer l'amitié de deux sacrés monstres de notre histoire de France, Monet et Clemenceau, à un moment délicat de leur amitié. Une soirée théâtrale d'un charme infini où il est question de ce qui fait le sel de la vie : l'amitié, l'honneur, l'amour…

  

Clemenceau,  82 ans, vit retiré en Vendée avec sa fidèle gouvernante. Il est pour tous le vainqueur de la grande guerre, mais il a aussi l'impression que pour l'opinion publique il a fait son temps. Arrivent en même temps pour égayer sa solitude, Marguerite Baldensperger, jolie quadragénaire, son éditrice, et surtout Claude Monet, son fidèle ami aussi âgé que lui.


Philippe Madral a concocté une pièce historique autour de la relation entre Monet et Clemenceau, s'intéressant à un épisode assez peu connu des Nymphéas qu'il situe en 1923. L'auteur entremêle habilement deux intrigues : l'amitié entre ces deux monstres sacrés menacée par le refus de Monet de livrer ses Nymphéas à l'Orangerie (alors qu'elle a été aménagée à grands frais à la demande de Clemenceau lui même) et un amour quasi inavouable qui nait dans le cœur du vieux Tigre au contact de sa séduisante éditrice.


Dans un joli décor impressionniste de Catherine Bluwal, fait de peinture, de transparence et de très poétiques projections, on oublie très vite les deux grands hommes de théâtre que sont Brasseur et Aumont. Leur pudeur, leur refus de tout cabotinage, et le metteur en scène Christophe Lidon y a veillé, donnent à voir comme une évidence Clemenceau et Monet. La richesse de leur carrière, le poids de l'expérience donnent toute la profondeur et la complexité nécessaires aux personnages qu'ils incarnent.


Brasseur, au sommet, est tour à tour bouillant, bravache ou tendre (extrêmement touchant lorsqu'il avoue son amour pour Mathilde à son vieil ami), capable de colère homérique lorsqu'il s'agit d'extirper Monet, qui se sent devenir aveugle, de sa mélancolie (Aumont est magnifique lorsqu'il retrouve face à l'océan la perception des couleurs, sous les infinies nuances de la lumière).

Les deux femmes qui les accompagnent sont à l'unisson. Sophie Broustal campe une élégante et fine Marguerite, tandis que Marie-Christine Danède est drôlissime dans le rôle de la domestique autoritaire et totalement dévouée.


La mise en scène de Christophe Lidon, assume le classicisme du spectacle et la lenteur de certaines scènes, sans jamais se complaire dans le passéisme.

Un très joli moment de théâtre, qui évite l'écueil de la leçon d'histoire au profit d'une vraie démonstration d'humanité de deux géants, volontaires, passionnés, méfiant vis-à-vis des honneurs et du pouvoir de l'argent, jusqu'au crépuscule de leur vie.


Sophie Jouve - France tv info

photos Delalande

photo Lot

AgoraVox.com / Theothea.com   7 novembre 2014

Brasseur & Aumont en quête de Jouvence ****


Depuis deux mois qu'ils sont en piste au Théâtre Montparnasse, Georges Clemenceau et Claude Monet ne sont pas prêts à troquer la peau de l'amitié pour celle de la notoriété, fût-ce au prorata de l'exposition des nymphéas à l'Orangerie !

Et pourtant, telle est bien l'origine de la colère du Tigre qui s'était porté garant d'un considérable investissement de l'Etat afin de parvenir à réaliser ce magnifique projet artistique alors que concomitamment le peintre impressionniste, lui, se sentait peu à peu perdre la vue, au point de ne plus pouvoir discerner les couleurs.

Face à cette problématique pathologique, l'enjeu ne serait pas tant la fidélité de la parole donnée que le renoncement devant le handicap.

Et donc s'il devait y avoir « colère », celle-ci ne serait que feinte et stratégique car, en définitive, « l'on ne devient vieux que si on le décide ».

Ainsi, Clemenceau n'aurait eu qu'un seul but, celui de maintenir motivé son ami de longue date, en le forçant à admettre que le déni de sa dégradation oculaire pourrait fort bien lui faire retrouver une partie de sa vision potentielle, en tout cas, suffisamment pour terminer la réalisation de ses immenses panneaux attendus, depuis des mois, aux Tuileries.

Et c'est effectivement ce qu'il va advenir en rendant enfin ces deux amis, sereins face aux échéances du grand âge !

Mais avant que de parvenir à l'accomplissement de leur vie, il leur restait à tous deux, le temps de la subtile pièce de Philippe Madral, à parcourir encore quelques étapes de la carte du Tendre, les plus belles, celles où l'abandon des défenses face à l'être aimé ou même simplement celui qui vous écoute, se présente comme le plus beau des cadeaux du ciel.

Deux femmes, en l'occurrence l'une éditrice, l'autre gouvernante, vont constituer ce véritable relais du coeur qui en apprend plus sur les résonances de l'amour que toutes les théories démonstratives généralement admises.

Bref, à quatre comédiens sur la scène du Théâtre Montparnasse, ils vont re-jouer toute la palette des sentiments amoureux lorsque ceux-là ne se trompent point sur le temps décompté qu'il reste pour ressentir cet étrange agrément tellement confus et pourtant si bien partagé par l'fespèce humaine.

La mise en scène de Christophe Lidon est à l'unisson de cette belle rencontre au sommet de leur art que Claude Brasseur et Michel Aumont savourent en maintenant un constant détachement dans leur interprétation au point de rendre tangible ce basculement sans cesse possible entre ce qui les rattache aux forces de vie et ce qui tente de les en éloigner.

A leur tour, Sophie Broustal et Marie-Christine Danède incarnent leurs rôles avec un tel naturel confondant que serait débusquée toute tentation saugrenue de posture... en imposture hors sujet.

Dans cette villa vendéenne au bord de l'Atlantique, les quatre comédiens ont rendez-vous chaque soir avec cet impressionnisme rendant quasiment transparents les sentiments de chacun au sein d'un décor (Catherine Bluwal) pictural imaginaire respirant lui-même, en phase pastel translucide, ce même trouble vertigineux : L'excellence saluée par le public !

"La colère du Tigre" : Clémenceau, Monet et les nymphéas dans un huis clos magnifique

 

La pièce de Philippe Mardal, qui met en scène une brouille entre les deux célèbres amis Georges Clémenceau et Claude Monet, marque la rentrée théâtrale de la saison.


Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/colere-tigre-clemenceau-monet-et-nympheas-dans-huis-clos-magnifique-theatre-piece-brasseur-aumont-philippe-mardal-critique-1772707.html#xYU5YHRLJDEEY5WZ.99

L'auteur

Docteur en histoire, attaché au CNRS, metteur en scène, auteur dramatique, Philippe Madral, a écrit "La colère du Tigre" en 2012.


Le thème

Au crépuscule de sa vie, Clémenceau, l'homme fort de la guerre de 14, que l'on nommait le "Tigre", vit retiré avec Clotilde sa gouvernante et Marguerite son dernier amour dans une modeste maison de pécheur, à Saint Vincent sur Jard, en Vendée. Il continue à se battre pour que Claude Monet, son ami d'enfance, achève les Nymphéas, oeuvre monumentale pour laquelle il a obtenu de la Direction des Beaux-Arts d'aménager à grands frais le futur Musée de L'Orangerie. Monet se sent devenir aveugle. Et n'ose annoncer à son ami qu'il renonce à son oeuvre.

Pour temporiser, il refuse toutes les dates d'inauguration. D'interminables tergiversations finissent par provoquer la colère du Tigre, atterré lorsque qu'il apprend la destruction des peintures par son ami.


Points forts

1. Le texte. La pièce fait revivre deux monstres sacrés de la politique et de l'art à travers une sorte de huis clos. Au soir de leurs vies les deux hommes "vident leur sac" et s'affrontent autour des grands thèmes de l'amitié, la morale, l'honneur, le sens de la vie, la vieillesse... et aussi l'amour. Les formules sont brillantes à l'image des deux géants. Les mots claquent, la pensée et l'humour sont robustes. Fidèle à l'histoire, la pièce évoque l'amitié indéflectible de ces hommes intransigeants, sourds à toute concession de fortune ou de gloire. Une belle leçon dfintégrité et de cou­rage.


2. L'interprétation. Difficile d'incarner des personnages historiques. Que ce soit Claude Brasseur (Clémenceau) ou Michel Aumont (Monet), ou encore Sophie Broustal (Marguerite Baldensperger, le dernier amour du Tigre) et Marie-Christine Danède (Clotilde, sa gouvernante), chaque comédien exprime remarquablement les sentiments qui l'animent, entre désespoir, révolte, amitié, admiration et amour. Avec simplicité et intériorité.


3. La mise en scène. La direction artistique de Christophe Lidon est d'une grande sobriété. Tout est conçu pour que les personnages nous entraînent sur le chemin de leur vie. Sur fond d'un décor poétique, signé Catherien Bluwal, qui évoque en filigrane l'œuvre de Monet. Le temps du pouvoir est passé. Les deux hommes se racontent avec leurs faiblesses, leurs regrets, les espoirs et les désespoirs qui les animent. Le grand âge comme thème universel.


4. En prime : un grand moment d'émotion. Lorsque Claude Monet regarde au loin l'océan et le déchiffre en couleur, blanc de zinc, bleu azurin, cobalt clair... On rentre dans l'intimité de la vision du peintre. Magnifique !


Points faibles

Il n'y en a pas ou peu. On peut regretter peut être le jeu un peu en retrait de Michel Aumont, face à un Claude Brasseur flamboyant. Et encore ? Monet, a demi-aveugle, ne traversait-il pas une des plus grandes épreuves de sa vie ?


En deux mots

Un spectacle touchant, applaudi généreusement par le public qui se trompe rarement. La "Colère du Tigre" marque la rentrée théatrale de la saison.


Recommandation

En priorité : 5 / 5

Interview à propos de la Colère du Tigre

     https://youtu.be/UiOSRfFn7FI

Atrium de Chaville 2015